Chapitre II
PASSONS A L'ACTE

Jean : Techniquement, je dois avouer qu’avec le recul, j’ai honte. Il suffit de regarder la première version du début du film pour se rendre compte des progrès que j’ai faits sur After Effects. J’ai mis des mois pour me rendre compte que par défaut, les modifications d’échelle ne sont pas interpolées, cela signifie que tout changement d’échelle entraînait des escaliers sur les contours, les rendant pixellisés. L’autre point que je maîtrisais pas était l’animation avec intervalles directement sous After (l’opacité variable). Je faisais donc d’abord les divers travellings du plan (zoom ou mouvement) en exportant séparément les intervalles avec le décor, puis je faisais un montage sur Premiere (qui servait aussi au montage proprement dit, au début) en alternant les séquences. Le rendu était bon, mais la possibilité de modifier nulle.

Après des recherches pour améliorer les animations, et pas mal d’heures à galérer, j’ai petit à petit trouvé les détails et les paramètres à modifier pour obtenir des animations réalistes. Je ne vais pas faire le détail de chaque plan, mais par exemple, pour obtenir un effet crédible de rapprochement en zoomant simplement sur un calque, il ne faut pas laisser la courbe de rapprochement linéaire, sinon à l’inverse de la réalité, plus on sera prêt et plus le grossissement ralentira. Il faut donc inverser le processus et faire en sorte que le rapprochement accélère avec le temps. On obtient un effet de vitesse efficace, simplement.

Après un crash de disque dur où j’ai failli perdre tout ce qui avait été fait, je passe au montage sur Avid, plus stable et sérieux, et au « tout sur After Effect », concernant les animations. Progressivement, Tim faisait des dessins de plus en plus complexes, avec des personnages morcelés, des boucles à répéter, cela m’a demandé de travailler aussi mes méninges et d’apprendre à utiliser le maximum d’artifices pour que cela rende quelque chose de crédible et intelligible. Le pire ennemi du film amateur, c’est l’erreur technique qui déroute le spectateur, qui provoque l’incompréhension.

La musique a été choisie dès le départ, pas tous les morceaux, mais la bande originale dont ils sont extraits. Je voulais une continuité sonore, garder la même « couleur de son » sur tout le film, et que la bande sonore ne soit pas une compilation de coups de cœurs pris à droite à gauche. J’avais une idée assez précise de ce que je voulais faire pour le début du film jusqu’au titre. Comme nous n’utilisons aucun son direct ni aucune voix, il fallait que la musique soit l’élément narratif, ou au moins le moteur de l’action.

Les morceaux ont été choisis selon ce que nous voulions mettre en scène, le montage a été de ce fait assez libre, et les plans modulables, faisant durer l’action plus ou moins longtemps. Si les premières séquences sont des scènes d’exposition, dès la scène du bal et l’apparition du Masque, les raccords s’enchaînent et il a fallu faire pas mal de montage son pour raccourcir les musiques. L’ennui dans cette situation, c’est qu’il n’y a pas de dialogues pour poser les personnages et l’action, et que la musique n’a pas été faite spécialement pour le film. Il a fallu composer avec les deux, pas à pas, avec des paliers atteints lorsque la musique était finalement montée, permettant de savoir combien de temps allait durer encore la scène.

Malgré une réalisation trop peu préparée à l’avance, le Masque de la Mort Rouge fonctionne relativement bien dans sa narration. Nous n’avons pas été obligés d’abuser des cartons de texte pour rendre le film intelligible, et il n’y a pas non plus de moment creux, sans intérêt. Si c’était à refaire, il faudrait écrire au maximum le film avant de dessiner quoi que ce soit, mais il est vrai que bon nombre d’idées nous sont venues après avec réussi à réaliser des plans difficiles.

Chapitre III

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